L’Orgue de Roquevaire en détail
Historique
Si le vénérable instrument de l’église St. Vincent pouvait encore faire bonne figure avec son magnifique buffet, derrière cette belle façade ne se trouvait qu’un instrument relativement modeste et plusieurs fois remanié depuis son installation en 1827.
La nécessité de réparations importantes posa le problème de restaurer un orgue hybride existant et insuffisant (16 jeux) en rapport de la vaste église, ou bien d’envisager la construction d’un orgue neuf.
En 1989, un premier projet fut étudié :
Il s’agissait d’un instrument de trois claviers-pédalier, à transmission mécanique de 45 jeux. Le passage de plusieurs facteurs d’orgue modifia ce projet pour un instrument de quatre claviers dont le dernier serait un clavier de Chamade avec Grand Cornet…. Mais il n’y eut pas de suite.
En 1992, un second projet est envisagé :
Toujours à quatre claviers mais avec 63 jeux : d’où la création d’un positif dorsal qui serait monté sur une petite tribune placée sous l’arc qui supporte l’ancien instrument.
Le maintient de cet arc et son perçage nécessaire pour faire traverser les éléments de la transmission mécanique décida d’une traction électrique générale, solution beaucoup moins contraignante sur le plan architectonique.
Ce projet fut présenté à la commission des orgues non classés au ministère de la culture à Paris, le 14 Janvier 1993. Il fut refusé sans autre motif « que la maître d’ouvrage et le maître d’œuvre viennent présenter leur projet à la prochaine séance ».
Celle-ci eut lieu, toujours à Paris, le 25 Mars 1993 : le rapporteur en fut Monsieur Pierre Dumoulin qui expliqua aux membres de la commission les raisons de ces options. Pour défendre également leur projet étaient venus : le Père Guillaume Hesseling, le maire Henri Gantou, l’organiste Jacques Garnier et Jean Robert Cain choisi comme maître d’œuvre.
En vain, l’équipe de Roquevaire n’arriva à convaincre les membres de la commission qui objectèrent que : la ville de Roquevaire était totalement inconnue et donc que le projet était trop ambitieux, que les claviers de 61 notes n’étaient pas indispensables que le choix esthétique n’était pas clairement défini avec un style déjà existant et que de toute façon « la commission a rappelé qu’elle avait toujours refusé de donner un avis positif pour la construction d’orgues électriques ». Revenir sur cette position serait une remise en cause des projets pédagogiques développés dans les écoles de musique et les conservatoires ces vingt dernières années….
Très rapidement se posa le problème : Avec ou sans l’Etat? Bien que cette commission eût dû, théoriquement, favoriser l’évolution et la création en matière de facture d’orgue, il apparut clairement que, pour bénéficier de l’aide de l’état, il fallait renoncer à un orgue contemporain utilisant les technologie d’aujourd’hui.
La décision fut donc prise d’abandonner les contraintes de l’état mais elle faisait perdre également les subventions attenantes. C’était le prix de la liberté!
Deux opportunités se présentèrent :
- Récupérer l’orgue du Sacré Cœur d’Agen qui était à la vente (la visite de l’orgue fut positive mais un facteur d’orgue avait préalablement mis une option et emporta l’instrument).
- Récupérer l’ancien orgue personnel de Pierre Cochereau dont il restait une quarantaine de jeux, les sommiers et surtout la superbe console de 5 claviers.
En 1993, troisième et définitif projet :
La construction de l’orgue devrait réutiliser le matériel ayant appartenu à Pierre Cochereau ainsi que la tuyauterie de l’ancien orgue de Roquevaire et fournir le complément à neuf pour une instrument de 72 jeux réels répartis sur 5 claviers de 61 notes avec pédalier de 32 marches.
La composition a été établie par Jacques Garnier, organiste titulaire et fortement inspirée par les travaux de Jean Guillou, l’illustre titulaire de St. Eustache. Cette composition se veut permettre de servir un répertoire très étendu, couvrant plusieurs époques.